Guillaume,

Certes, j’arrive avec un train de retard, mais comme on dit, mieux vaut tard que jamais. Voilà presque trois ans que ton premier essai a été édité. Je suis heureux d’apprendre que tu persévères sur cette voie. Si nous nous étions croisés, juste après sa sortie, je t’aurais moi-même poussé à la récidive.

« Un lien particulier avec mon père et donc un passé commun … »

Tu reconnaîtras sûrement ces quelques mots. C’est ta dédicace sur la page de garde. Pour avoir eu le plaisir d’en débattre avec certains, je sais que la plupart des auteurs, lorsqu’ils s’essayent à leur premier roman ou première fiction contemporaine, glissent toujours une petite part d’eux-mêmes dans leurs récits.Voilà donc un intérêt supplémentaire pour moi de te découvrir au fil des pages.

Je viens tout juste de finir « DEUX SECONDES ». Ces dix dernières années, mes lectures se concentraient en grande partie sur des tranches de vie, biographies de gangsters et autres investigations criminelles. Même si certains bandits ont des passés rocambolesques, tu m’as fait prendre conscience du fait que je ne lise pas assez de romans. Je dois t’avouer, qu’avant de refermer le tien et à quelques exceptions près, j’avais rarement pris autant de plaisir à lire un ouvrage.

Roman sentimental, noir ou d’aventures ? Bien inspiré celui qui arrivera à te trouver une case littéraire, tant tu empreintes un peu tous ces genres à la fois. Sentimental, certes, mais sans aucune niaiserie. Nous sommes aux antipodes des histoires d’amour à l’eau de rose. Amateurs de collections Harlequin, passez votre chemin !!! Le moins qu’on puisse dire, c’est que tu n’as pas cherché à faire dans la simplicité, en t’attaquant notamment à des faits de sociétés complexes et propices au scandale, comme les mœurs douteux et les péchés de chair auxquels se livrent parfois certains prêtes catholiques, le trafic d’être humain ou l’esclavage sexuel dans les pays asiatiques.

J’ai été totalement embarqué et happé par cette histoire. Une romance tragique, où les nombreux rebondissements m’ont tenu en haleine jusqu’à la dernière ligne. Un style agréable, minutieux, parfois procédurier, tout en restant clair et limpide. Rien n’est superflu ou posé par hasard. Aussi anodin soit-il, chaque détail a son importance et revêt toute sa signification au cours du récit. La narration est maîtrisée, le rythme soutenu. Comme tu as soigné la présentation et approfondi l’aspect psychologique de tes personnages, le lecteur se glisse facilement dans la peau de chacun. Même les « méchants » ont droit à leur petit plaidoyer, si bien qu’au final, on a beaucoup de mal à les accabler totalement et en faire de parfaits « salauds ». J’ai aimé ce chassé croisé entre Zoé et Julien, par chapitres interposés. À tour de rôle, on ressent au plus près leurs émotions, joies, peines, états d’âme ou d’esprit.

Tu m’as offert une belle excursion. J’ai appris beaucoup de choses, comblé mes lacunes et parfait les quelques connaissances sommaires que je possédais sur l’Asie, la Thaïlande, la Birmanie. Ton récit est superbement imagé. Les ambiances sont bien retranscrites, les décors merveilleusement plantés, ce qui facilite la projection dans les scènes. À travers tes plus beaux carnets, on sent bien que la passion des voyages t’anime et à quel point les beautés de ce monde t’émerveillent.

Pour finir, j’aime cette subtilité et ce malin plaisir avec lequel tu nous orientes sur de fausses pistes. Tout au long de l’histoire on se prend à supputer et deviner la suite des événements. Personnellement, je me suis planté sur toute la ligne, mais c’est surtout dû à la cascade de péripéties et le fait que l’intrigue soit constante et habilement maintenue.

La fin est grandiose et totalement imprévisible.

👏👏👏 Bravo Guillaume.

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